Qu’est-ce qu’une entreprise profitable ?
Une entreprise est profitable lorsqu’elle se trouve dans les conditions qui lui permettent de gagner sa vie d’une manière durable et pour gagner sa vie d’une manière durable, une entreprise doit être « dans la course », c’est-à-dire compétitive. Un peu comme dans le domaine sportif, où l’on dit d’une équipe ou d’une personne qu’elle est compétitive, non pas parce qu’elle gagne toutes les compétitions auxquelles elle participe, mais parce que ses résultats la font figurer régulièrement sur le podium.
La compétitivité d‘une entreprise réside donc dans sa capacité à se mesurer, avec succès et dans la durée, à ses concurrents, dans la compétition vis-à-vis des clients. Dans cette perspective, l’entreprise doit se mettre en situation de fournir à ses clients les bons produits (ou services) sur les bons marchés, au bon moment, dans les délais requis, avec la qualité requise, au meilleur coût et au bon prix. Ce n’est au fond que du bon sens, mais la mise ne œuvre s’avère complexe, et parvenir à faire vivre le meilleur équilibre entre tous ces facteurs de compétitivité passe par une réflexion approfondie sur l‘organisation, sur les outils et les moyens à mettre en œuvre, afin de fonctionner durablement d‘une manière économe en ressources.
Le moteur de l’humain
Toutes importantes et nécessaires qu’elles soient, ces conditions matérielles de la compétitivité ne sont pas suffisantes pour « arriver sur le podium ». Il y manque le « moteur » qui va mener au succès dans la durée : il y manque l’implication des hommes et des équipes à tous les niveaux de l’entreprise. L‘implication des hommes dans leur entreprise, c’est cette formidable capacité qu’ils ont de s’investir dans leur travail, de « donner d’eux-mêmes » et le « meilleur d’eux-mêmes », faisant ainsi écho à cette réflexion d’Albert Einstein :
« la valeur d’un homme tient dans sa capacité à donner et non dans sa capacité à recevoir ».
Avec l’implication, nous touchons à un point délicat, car au-delà des valeurs affichées et véhiculées par chaque entreprise, et au-delà des politiques qui tendent à les faire vivre, il y a chaque manager, avec ses qualités, ses forces, ses faiblesses et sa propre vision, son « intime conviction » sur le management des hommes et des équipes. Et nous savons tous la difficulté qu’il y a à manager des hommes et des équipes. Mais le constat s’impose que les managers qui parviennent à susciter l’implication de leurs salariés sont ceux qui les respectent profondément, qui les prennent en considération.
C’est ainsi que naît le cercle vertueux :
Considération > Implication > Compétitivité
Par-delà ses conditions matérielles, la compétitivité d‘une entreprise réside donc dans la considération que les managers, à tous les niveaux de la hiérarchie, portent à leurs collaborateurs, c‘est à dire aux personnes qui leurs sont confiées. Cette considération, c’est la qualité du regard que chaque manager porte sur ses collaborateurs :
- s‘il les regarde comme des êtres intelligents, ils le lui rendront en se comportant avec intelligence.
- s‘il les regarde comme des êtres incapables, ils le lui rendront en se comportant comme des incapables.
Car les êtres humains sont semblables au regard que l’on porte sur eux (Y. Gobry).
Dès lors, les salariés s‘impliquent à fond dans leur travail lorsque :
- ils ne comptent pas pour du beurre : leur chef les connaît et les écoute.
- leur travail est reconnu et il compte : leur chef attend un travail intelligent et un esprit d‘initiative.
- ils savent qu’ils ne seront pas jetés à la première occasion : leur chef les protège et est attentif à leur avenir.
- ils vivent avec leur manager dans une dynamique de progrès : « Bienveillance dans la relation et exigence dans l’action ».
Etre bienveillant avec ses collaborateurs, c’est vouloir leur bien, et vouloir le bien de ses collaborateurs, c’est vouloir les faire progresser, c’est être exigent sur leur professionnalisme, c’est inciter au développement de leurs compétences, c’est faire fructifier leurs talents. Car la bienveillance du manager pour ses collaborateurs se nourrit principalement de l’estime professionnelle qui naît de la relation de travail. Et l’estime professionnelle ne se développe pas en dehors d’un professionnalisme exigeant et en progrès.
Ainsi, lorsque l’on parle d’accroître la compétitivité de l’entreprise, c’est toute une vision du management qu’il faut mettre en mouvement et faire évoluer. Pour atteindre les objectifs opérationnels, le management de l‘entreprise constitue des équipes au sein d’une organisation, et dans la réalisation du travail au quotidien, il peut considérer :
- soit qu‘il exploite des ressources qui lui ont été fournies, en misant sur l’organisation : il se comporte en possesseur de ces ressources et cherche à les maintenir en l‘état et à les conserver pour atteindre les objectifs.
- soit qu‘il développe des talents qui lui ont été confiés, en misant sur leur capacité d’initiative : il se comporte en dépositaire de richesses et cherche à les valoriser pour susciter leur implication et atteindre les objectifs.
S’intéresser à TOUS les talents !
Accroître la compétitivité de l’entreprise, c’est donc, d’une certaine manière, donner moins d’importance à la « Gestion des Ressources Humaines » pour faire davantage de place à la « Valorisation des Richesses Humaines ». Mais prenons garde à la tentation de l’élitisme ! Ne s’intéresser qu’aux talents de ceux qui ont beaucoup de potentiel, c’est dire à tous les autres qu’ils ne comptent pas, c’est casser leur implication en introduisant une rupture au sein des équipes, alors même que la cohésion est une condition essentielle du succès.
La valorisation des richesses humaines se préoccupe de chaque personne. Si nous comparons les personnes à des verres, nous allons constater que les verres sont tous différents en taille, en contenance, en forme, etc… Mais le plus important est-il de comparer les verres entre eux ? Quel « mérite » un grand verre aurait-il à contenir plus d’eau qu’un petit verre …? Non, le plus important est ailleurs. Le plus important est que chaque verre soit plein, totalement rempli…
Travailler à ce que tous les verres soient pleins, à ce que tous les potentiels se réalisent à tous les niveaux de l’entreprise, voilà bien la véritable ambition du développement des talents, au service de la compétitivité.